Ce qu’un franchisé recherche dans une relation d’affaires avec un franchiseur

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F. Georges Sayegh, D.S.C., Adm. A, Fellow CMC du Québec et de l’Ontario, est un expert-consultant en franchisage et en transfert de technologie. Il est également l’auteur de 18 livres sur les franchises et les entreprises connexes. Pour le joindre : gsayegh@gsayegh.com ; Tél. : (514) 216-8458.

Les principales raisons de l’échec d’un franchisé

Lorsque nous discutons franchise, l’on réfère souvent aux opportunités lucratives que cette industrie offre au potentiel entrepreneur qui désire se lancer en affaires. Dans cet article, l’auteur veut faire le point sur la combinaison d’erreurs qui conduit le potentiel franchisé à l’échec. 

Du point de vue du franchisé

Le franchisé ne prend pas le temps d’examiner son propre profil avant de se lancer en affaires, notamment il devrait se pencher sur les réflexions suivantes :

  1. Est-il prêt à prendre un risque modéré dans la vie pour atteindre les objectifs visés ?
  2. Est-il prêt à consacrer son temps, son énergie, son effort intellectuel et une bonne partie de son argent pour se lancer en affaires ?
  3. A-t-il la volonté et l’énergie nécessaires pour se consacrer à de longues heures de travail afin d’obtenir ce qu’il veut ?
  4. Est-il prêt à faire passer les besoins de son entreprise avant ceux de sa famille et de ses amis ?
  5. Est-il le genre de personne qui peut assumer l’entière responsabilité de ses succès de même que ses échecs ?
  6. Aime-t-il trouver de nouvelles idées et les mettre en œuvre, même s’il risque d’échouer ?
  7. Ses échecs sont-ils des expériences d’apprentissage pour lui ?
  8. Se sent-il à l’aise lorsque quelqu’un d’autre contrôle son environnement de travail ?
  9. Est-il à l’aise avec des personnes étrangères ?
  10. Peut-il opérer dans un environnement mal défini et parfois même chaotique ?
  11. Lorsque le besoin se fait sentir, peut-il s’attaquer à un travail qui ne l’intéresse peut-être pas et peut-il le mener à bien ?
  12. Est-il prêt à travailler d’arrache-pied pour acquérir de nouvelles compétences ?
  13. Peut-il diriger et inspirer les autres ?
  14. A-t-il besoin de l’approbation des autres et d’un soutien émotionnel et mental important avant de se lancer dans une tâche ou d’opérer un changement dans sa vie ?
  15. Peut-il accepter des critiques sévères, même sur le plan personnel ?
  16. Sait-il comment calmer une personne en colère, satisfaire un client mécontent?
  17. Peut-il suivre les normes et procédures, la formule, l’organisation et les exigences du franchiseur ?
  18. Peut-il faire face à des liasses de paperasses fastidieuses, répétitives, monotones et ennuyeuses, et s’occuper de mille détails épineux, tout en gardant une attitude raisonnablement positive ?
  19. Aime-t-il montrer ou enseigner aux autres comment faire les choses positivement ?
  20. Aime-t-il effectuer des multitâches, la capacité à gérer plusieurs tâches en même temps, ce que la franchise exige ?
  21. A-t-il la détermination d’obtenir ce qu’il veut et d’aller jusqu’au bout sans aucun doute ni hésitation ?
  22. A-t-il la capacité de gestion pour maintenir des normes élevées au sein de la franchise ?
  23. A-t-il la capacité de gérer et de conserver son personnel ?
  24. A-t-il le capital requis pour se lancer en affaires ?

La vérification diligente

Prend-il la peine d’effectuer sa vérification diligente concernant le franchiseur en ce qui concerne :

  1. Le secteur d’activité dans lequel la franchise ou le franchisé est engagé ?
  2. La structure de l’entreprise et l’organisation commerciale de la franchise ?
  3. L’existence de la franchise, en tant qu’entreprise ou en tant que société de franchise ?
  4. La taille de la franchise, en tant qu’unités en propres (corporative) ainsi qu’en nombre de franchises?
  5. La réputation du franchiseur dans son secteur ?
  6. Le nombre de franchises dans le territoire du franchisé, région métropolitaine et province de la même entreprise?

Du côté du franchiseur

Il n’a pas le gabarit qu’il projette au potentiel franchisé :

  1. Le franchiseur n’a pas encore fait la preuve de son concept et sous-estime ses concurrents.
  2. Le franchiseur n’est pas réaliste quant à l’ensemble du processus d’affaires et malgré tout, il persiste à s’engager de se lancer en affaires.
  3. Le concept de franchise est trop difficile à développer de manière significative, ce qui limite la croissance pour la mise en œuvre de l’entreprise.
  4. Le franchiseur ne parvient pas à développer pleinement ses systèmes et ses processus, ce qui prive les franchisés d’une feuille de route entièrement vérifiée qui les mènera à la réussite.
  5. Le franchiseur ne contrôle pas tous les aspects de la marque qu’il a créée, ce qui entraîne des incohérences et de la confusion.
  6. La culture créée par le franchiseur donne la priorité au « système » plutôt qu’à un service exceptionnel.
  7. Le franchiseur vend à des franchisés non qualifiés, inexpérimentés, sous-capitalisés ou naïfs un rêve qui n’est pas réalisable.
  8. Le franchiseur s’empresse de vendre au franchisé un rêve malgré le fait qu’il y identifie des faiblesses dans son comportement d’homme d’affaires.
  9. Il est un mauvais gestionnaire et ne peut pas maintenir des normes élevées au sein de la franchise.
  10. Il n’a aucune capacité humaine, matérielle et financière à conduire le réseau à son progrès.
  11. Il n’est aucunement préparé financièrement. Il est aveuglé par le désir de « s’enrichir rapidement » et ne se rend pas compte que la création d’une entreprise nécessite plus qu’un vœu pieux.
  12. Il n’est pas réaliste quant à l’ensemble du processus et malgré tout, il persiste à s’engager à se lancer en affaires.
  13. La formation et l’assistance sont inadéquates et se limitent généralement aux questions opérationnelles sans tenir compte de l’évolution des produits et services offerts sur le marché.
  14. Le franchiseur n’est pas impliqué dans le processus de planification et n’analyse pas ni ne contrôle en permanence les plans d’entreprise soumis par le franchisé afin de s’assurer que ce dernier exploite son entreprise conformément au plan de l’entreprise.

En conclusion, Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive des raisons pour lesquelles les franchisés échouent. Ces raisons ne sont pas non plus indépendantes les unes des autres et il arrive que deux ou plusieurs d’entre elles soient à l’origine de la fermeture prématuréê de l’entreprise d’un franchisé.

Que ce soit de la part du franchisé ou celui du franchiseur, les éléments ci-dessus décrits nous informent qu’il faut agir de manière responsable afin d’atteindre le résultat espéré. Chacun de son côté (franchiseur/franchisé) doit gérer son entreprise de manière responsable et rentable. Il ne faut pas se laisser submerger par multiples raisons farfelues pour lesquelles le franchisé échoue.

Si ce dernier envisage de se lancer en affaires, il doit s’entourer de professionnels qui s’y connaissent en matière de franchise afin d’éviter tout échec, et ce peu importe la raison. Cet entrepreneur ne doit pas faire la sourde oreille aux avertissements des professionnels. Il se prémunit ainsi contre certains pièges les plus courants.